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riji
8 mai 2020

Reconnaissance éternelle

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Pékin, le 3 Février 2020

 

Découverte d'un stock de nourriture constitué par mon ami MA avant mon retour à Pékin, dans un des placards de la cuisine: des pâtes, du lait, de la farine, des cookies au chocolat, des biscuits à l'orange, des raisins secs, toutes sortes de lentilles en conserves... Je me sens la personne la plus chanceuse du quartier!

"Au cas où ça empire!" me dit MA dans un message. Je lui répond en plaisantant:"C'est chiant, il n'y a rien que j'aime, ah ah ah!"

Les médias locaux rapportent que le CDC de Canton a découvert la présence du virus sur une poignet de porte. Je dilue aussitôt un bouchon de dettol dans une bouteille et vaporise la poignet de porte, le verrou... puis, finalement toute la porte. Je filme le tout en vidéo et l'envoie à MA par le wechat, au cas où il n'a pas eu cette même info dans la presse francophone. A quoi il me répond aussitôt: "Mais tu crois quoi? Ça fait deux semaines que je le fais."

Des soignants de l'armée ont pris quartier dans le tout nouvel hôpital Huoshenshan (montagne du dieu du feu) pour accueillir les premiers patients transférés des hôpitaux de Wuhan. On annonce la construction des hôpitaux de campagne dans trois arrondissements de la ville pour les patients présentant des symptômes légers. Comme les images montrées à la télé, avec la mobilisation des médecins et infirmiers des quatre coins du pays motivés à bloc qui affluent vers Wuhan et les soldats qui arrivent en renfort, le pays est en état de guerre.

La plupart d'entre nous, confinés désormais à la maison, suivent cette guerre contre le virus à la télé ou sur le téléphone, avec un sentiment de totale impuissance. Le calme qui règne dans notre environnement immédiat s'oppose aux images de chaos qu'on voit dans les hôpitaux, transmises à la télé ou rapportées par les journaux, un contraste saisissant.

Je suis en admiration sans limite devant ces hommes et femmes en blouse blanche, masques, lunettes et combinaison de protection. Certains sont des aguerris qui ont vécu le SRAS, d'autres sont tout juste sortis de leur école de médecine. Ils se trouvent tout à coup projetés sur le terrain le plus difficile qu'ils n'aient jamais connu. Pendant que le pays entier regarde ces baiyitianshi (anges aux blouses blanches) en hurlant "Courage, courage!", j'espère vraiment qu'on ne les oubliera pas, une fois l'épreuve passée.

Qu'on n'oublie pas ces images: de celle qui monte dans un car rempli de personnel soignant pour Wuhan et qui laisse son mari derrière qui pleure et crie: je t'aime, t'as intérêt à me revenir saine et sauve; de celui qui enlève son masque de protection au bout d'une journée passée dans les chambres à pression négative, avec des traces du masque sur le visage comme marquées au fer rouge et qui continue à sourire au téléphone avec sa mère à l'autre bout de la ligne; de celle qui voit sa fille venue lui rendre visite à l'hôpital et ne peut que faire semblant de l'embrasser, à 10 mètres de distance l'une de l'autre... toutes ces démonstrations d'amour qu'on n'a pas l'habitude de voir chez un peuple réputé réservé. Ils savent qu'ils sont à l'endroit qui craint le plus et que demain est incertain.

Qu'on n'oublie pas leurs conditions difficiles de travail au quotidien et leur sacrifice personnel, complètement disproportionnés par rapport à leur modeste salaire.

Qu'on n'oublie jamais ces femmes et ces hommes là. Reconnaissance éternelle.

 

xxx

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