Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
riji
2 mai 2020

Maintenant, nous aurons tout notre temps

Pékin, le 31 Janvier 2020

 

Le retour hier soir à la maison a été éprouvant: atterrissage, prise de température individuelle, puis reprise de température par écran thermique dans le long couloir avant les bagages. Je passais tous les contrôles, sans jamais relâcher ma tension. Je retrouve ma valise cassée pendant le transport, peu importe, je n'avais qu'une envie, celle d'être chez moi au plus vite.

Sur la route Airport Express, le chauffeur angoissé me regarde plusieurs fois par le rétroviseur avant de me poser la question qui devait ruminer dans sa tête depuis que je suis monté dans sa voiture: "Vous arrivez de Wenzhou? Ça va, vous n'êtes pas malade?" J'essaie de le rassurer en lui racontant tout mon parcours de combattant parsemé des points de contrôles avant de pouvoir sortir de l'aéroport de Pékin. "Alors, maintenant ne sortez plus, restez chez vous." me répond-il, presque comme un ordre.

Mon ami MA m'attend à la maison, avec mon chien. MA m'a gentillement préparé le dîner car il sait que je n'ai ni bu ni mangé pendant tout mon trajet de retour. Mais je préfère rentrer tout de suite dans ma chambre et me tenir à disance d'eux, par prudence. On ne sait jamais. Aujourd'hui, on n'est plus sûr de rien.

Mon chien me regarde avec perplexité, l'air de me demander pourquoi je me montre aussi distant:"Tu ne m'aimes plus?" Je lui crie de ma chambre:"Je ne te touche pas, c'est pour ton bien. Allez, good boy, bonne nuit!"

Ce matin, le vol de ma mère est annulé au dernier moment, soudainement, alors qu'elle était déjà presque au seuil de sa porte, avec ses valises, prête à partir. J'ai appelé la compagnie aérienne, bien sûr, eux non plus, ne sont pas en mesure de nous dire quand le vol va reprendre... bien sûr, on peut comprendre, avec tout ce qui se passe. Peut-être en est-il mieux ainsi? Le long voyage vers Paris, à ce moment-là, sera fatiguant et risqué, et qui sait ce qui l'attend à Paris? Aujourd'hui, on ne peut plus savoir ce qui adviendra le lendemain, on ne peut être sûr de rien. Je lui ai dit au téléphone de défaire sa valise, de se réinstaller confortablement à la maison. Nous ne sommes pas les plus malheureux aujourd'hui, nous devons en être reconnaissants. Nous allons rester patients. Nous n'allons pas avoir peur.

TV5 diffuse en direct un sujet coronavirus intitulé: Coronavirus, entre peur et suspicion!  Le journaliste pose la problématique: "ce qui fait peur, c'est qu'on ne le connait pas, disons-le, parce qu'on dit que c'est comme une grippe... certes, mais on ne le connait pas encore. " A quoi un de ses invités, le médecin urgentiste Patrick Pellous répond:si, si, on le connaît, c'est pour ça que nous, on n'est pas plus inquiet que ça... on ne peut pas lutter par rapport à la vague de peur que ça entraîne, je pense que les Françaises et les Français sont un peuple qui aime à avoir peur... c'est comme ça... N'ayez pas peur!" 

Pendant ce temps-là, la chaîne d'info chinoise CCTV News annonce la décision de la Russie de fermer ses frontières avec la Chine.

Ah la Russie... J'ai envie de relire tout Tchekhov maintenant. Avec cette histoire de coronavirus, il faut se pencher un peu plus vers sa bibliothèque, sinon à force de manger et dormir à la maison, on va sortir de cette crise encore plus bête... et gros.

Il faut ressortir ses livres, il faut lire, plus d'excuse. Maintenant, nous aurons tout notre temps.

 

 

xxx

Publicité
Publicité
<< < 1 2
Publicité
Archives
Publicité